Séance de condoléances pour le "Cher dirigeant" Kim Jong-Il

La mission nord coréenne à l'ONU a ouvert ses portes pour permettre la signature d'un livre de condoléances en hommage à Kim Jong-Il. Une occasion unique d'approcher cette représentation diplomatique très discrète.


Livre de condoléances à la mission nord coréenne de NY

Quelques diplomates nord coréens, visages graves, attendent les visiteurs au 13ème étage d'un immeuble de la 2nd Ave. Le matin, une collègue a été accueillie par des pleureuses habillées de noir, versant de longs sanglots sur la disparition du "Cher dirigeant". Nos hôtes nous conduisent cérémonieusement dans une salle où nous sommes conviés à s'incliner devant un portrait du défunt, ce que bien entendu j'évite soigneusement, pendant que deux hommes filment et photographient la scène. 

Puis, sans un mot, nous sommes invités à signer le livre de condoléances. 

Le collègue qui m'accompagne tente d'engager la conversation et demande où se procurer ces pin's de Kim Jong-Il qu'ils arborent au col de leurs vestes. Un cerbère répond poliment qu'il faudra aller en Corée du Nord. Nous laissera-t-on entrer ? Son visage se ferme. Dommage, j'aurais aimé en savoir plus sur ces hommes, serviteurs de la dictature la plus ubuesque et la plus fermée du monde, d'où sont bannis l'internet et les médias étrangers et où les postes de radio sont bloqués sur la fréquence de la radio d'Etat. Peuvent-ils vraiment continuer à croire la propagande du régime tout en vivant dans une ville comme New York ? 

 Avant de signer, je prends le temps de regarder les hommages laissés par les visiteurs précédents, parmi lesquels les ambassadeurs d'Ouzbékistan, du Kyrgyzstan, du Pakistan, de Cuba...  Plus étonnant, je trouve aussi la signature du représentant de l'Unesco, l'agence des Nations unies pour Culture, la Science et l'Education...

 Sous la surveillance étroite des deux caméras, je me contente d'inscrire "Quelle grande perte !", vaguement inquiet de savoir que ces images seront utilisées par la télévision d'Etat pour illustrer l'hommage rendu jusqu'à New York à Kim Jong-Il, la lumière des peuples.