Le combat solitaire de Charles-Armel Doubane, ambassadeur en sursis

Portrait de l'ambassadeur de Centrafrique à l'ONU, lâché par sa capitale, qui tente d'attirer l'attention sur un "conflit oublié" publié dans Le Monde le 18 septembre. 

UN Photo/Rick Bajornas

 

Charles-Armel Doubane est un ambassadeur en sursis. Congédié par le nouveau pouvoir issu du coup d’Etat à Bangui, en mars, le représentant de la République centrafricaine (RCA) à l’ONU attend un successeur qui ne s’est pas manifesté et tente malgré tout de plaider la cause d’un pays à la dérive.
 
Les écueils ne manquent pas. A commencer par la rivalité entre le nouvel homme fort, le président Michel Djotodia, et le premier ministre, Nicolas Tiangaye, adoubé par la communauté internationale. Tous deux voulaient faire le voyage à New York pour représenter la Centrafrique à l’Assemblée générale des Nations unies, rendez-vous annuel des chefs d’Etat de la planète, le 24 septembre. 
 
“C’est une situation surréaliste !”, s’étrangle l’ambassadeur, alarmé par l’annonce d’une délégation “pléthorique” de plus d’une vingtaine de personnes. 
“Tout ce monde à héberger à New York alors que nous n’avons pas le sou et que nous sommes en train de demander l’assistance des uns et des autres. Cela ne servira qu’à écorner encore un peu plus l’image déjà ternie de la Centrafrique”, s’agace-t-il. Un casse-tête de plus pour celui qui se décrit comme “l’ambassadeur d’un Etat effondré” et s’est donné pour mission de “sortir la crise centrafricaine de l’oubli”.
 
Boudé par sa capitale, Charles-Armel Doubane essaye de mobiliser la diplomatie onusienne, appuyé seulement par un attaché et une secrétaire. Depuis que les rebelles de la Séléka ont renversé l’ancien président François Bozizé, Bangui ne répond plus. “Je ne reçois plus aucune instruction de la capitale. Mais ça ne m’empêche pas de travailler et de tenter de faire bouger les choses.” La ministre des affaires étrangères a coupé les ponts. Le nouveau président ne l’a jamais appelé. Signe de la confusion qui règne à Bangui, la lettre d’accréditation de son successeur a été adressée au mauvais endroit et n’est pas parvenue au siège des Nations unies à New York. Seul le premier ministre lui parle de temps en temps au téléphone.
“Mon pays n’a plus de cap”, se lamente-t-il. Il rêve d’une grande opération de maintien de la paix, “comme au Mali”, et regrette le peu d’espace médiatique laissé par le conflit syrien. Au Conseil de sécurité, seule une poignée des pays membres ont une ambassade à Bangui. L’ambassadeur doit régulièrement localiser la RCA. “Je viens avec une carte. J’explique notre position et notre importance au cœur de la sous-région. Mais il y a beaucoup de conflits dans le monde, et la République centrafricaine n’a pas le même poids géostratégique que certaines crises dites majeures”, regrette-t-il.
 
Le 14 août, ce diplomate de 46 ans, formé à l’ENA, a fait un discours remarqué devant le Conseil de sécurité : “Le 24 mars a donné le coup de grâce à ce qui restait d’un Etat fragile. Tous les oripeaux du pouvoir ont disparu (…). Le pays est livré comme butin de guerre à ceux qui se sont érigés en administrateurs, percepteurs d’impôts ou commandants de zone.”
 
Faut-il y voir l’amertume d’un ancien ministre du président déchu François Bozizé ? “Je n’ai jamais été un militant de Bozizé, se défend-il. Les nouvelles autorités m’ont proposé le poste de ministre des affaires étrangères. A 46 ans, cela aurait été un bel achèvement de carrière. J’ai décliné.” Le juriste ne pardonne pas à la Séléka d’avoir “pris le pouvoir dans une très grande violence” et “détruit l’appareil administratif”. Il était à Bangui lors de l’effondrement du régime. Des rebelles ont envahi la résidence où il se trouvait. Molesté, puis finalement reconnu par l’un des combattants, il a été évacué par les Nations unies et en a été quitte pour un séjour hospitalier en France.
 
A New York, le très remuant ambassadeur peut se féliciter de quelques avancées. Après plusieurs déclarations sans grande portée, le Conseil de sécurité est sur le point d’adopter une résolution proposée par la France. Le texte doit porter à 3 600 hommes la force de l’Union africaine (Misca), la placer sous mandat de l’ONU et renforcer le bureau des Nations unies sur place (Bonuca). Objectif : enrayer le chaos sécuritaire et pallier “l’absence totale d’Etat de droit” décrite par le secrétaire général, Ban Ki-moon.
 
“Si la Misca et le Bonuca se déploient hors de Bangui, cela va rassurer les populations qui se sont réfugiées en brousse ou dans la capitale et les inciter à rentrer dans les villages. Le retour des fonctionnaires locaux va permettre d’asseoir à nouveau l’administration sur tout le territoire”, espère Charles-Armel Doubane, qui demande également l’envoi d’observateurs des droits de l’homme pour enquêter sur les meurtres, pillages, viols et enrôlements d’enfants-soldats dénoncés par l’ONU.
Les diplomates qui le fréquentent évoquent un ambassadeur iconoclaste. “C’est un homme profondément attaché à son pays. Lors des discussions sur la Centrafrique, il nous demandait toujours d’être le plus ferme possible avec son gouvernement”, confie un diplomate du Conseil de sécurité. Dans son bureau, on remarque que l’ambassadeur n’a affiché aucun portrait, comme cela est l’usage dans les missions diplomatiques. Pied de nez au nouveau pouvoir ? “Pas du tout !, rétorque Charles-Armel Doubane. Bangui ne nous a pas envoyé le portrait officiel de celui qui incarne l’Etat centrafricain. J’attends toujours.”

 

2 Comments

Voila un fils du pays, un patriote. À la question de savoir pour la Seleka à pris le pouvoir en mars 2013, je ne trouve pas de réponse, sinon Dotodia à livré le pays aux bandits, aux étrangers, aux mercenaires qui pillent, tuent, violent nos sœurs et mères en public, torturent et tuent le peuple. Dotodia, quel est ton projet de société permettant de sortir ton pays du sous développement ?

Es tu sourd, aveugle de voir comment des mutilations sont courantes en Centrafrique de Boganda ? Tu t'es entouré des tchadiens et soudanais armés qui appauvrissement le souverain primaire au quotidien, est ce que ces cimes contre l'humanité te plaisent à plus d'un titre ?

Peuple centrafricain, vous dormez dans la boue et pourquoi avons-nous peur de descendre dans la rue et demander à la communauté internationale de nous aider à chasser les ennemis de la nation ?
Souvenons-nous des combats pacifique de Martin Luther KINGSTON sur les droits civiques aux États Unis d'Amerique et de Nelson MANDELA contre l'Apartheid en Afrique du Sud ?
Ces leaders n'avaient en aucun cas fait usage de la force violente pour obtenir la paix et liberté de leurs peuples respectifs.
Pourquoi avons nous peur de mener le combat pacifique pour l'avenir de nos enfants ? Notre silence est le signe de la faiblesse et nous donnons à nos ennemis la force de nous tuer.

Disons non à Dotodia par la désobéissance pacifique. N'ayons pas peur de le faire car notre avenir est effondré.
La communauté internationale ne peut nous venir en aide que lorsque des voix pacifiques se dressent contre le pouvoir de Bangui.
Peuple centrafricain, le pays est livré aux mains des bandits. Réveillons nous a l'unissons, nous rétablirons la paix.

Aux jeunes de Bossangoa et de Bangassou, votre malaise est profond du fait des exactions que vous vivez au quotidien. Je vous prie de ne pas utiliser la force, c'est à dire les armes pour défendre vos droits à la liberté. Vous n'allez pas me comprendre, mais la vraie et grande force est le moyen pacifique. Dotodia peut demander à la s'éleva de tirer sur vous, 100, 200, 300 morts, tant que nous descendons dans la rue pour demander son départ de manière pacifique, nos ancêtres, les anges dans les cieux, Dieu le Père, le Fils et le Saint-Esprit nous procureront la force pour nous débarrasser de nos ennemis.

Descendons Dans la rue et disons non aux traitres, aux pillards, et autres bandits de la nation.

Je prie respectueusement les associations de défense des droits de l'homme à l'échelle planétaire de nous aider à enquêter sur des crimes contre l'humanité, de guerre et enrôlement d'enfants soldats par la seleka à des fins de poursuites judiciaires devant des instances compétentes.

Je demande à ce que ce message soit publié afin de toucher les cœurs de personnes physique et morale sensibles à la douleur humaine.

Je suis Jocelyn Cyrille GAPET, centrafricain vivant à Brazzaville.

Cet article est vraiment vide:
Je pense qu'il en fait un peu trop, personne en ce moment ne détient une légitimité pour parler et diriger le peuple Centrafricain et ce n'est pas vraiment le moment de se disperser même si on ne partage pas la même vision politique que le Gouvernement Centrafricain, Ce Monsieur a intérêt à se mettre au service de son pays en tant que diplomate, coordonner des actions concrètes pour sortir ce pays de sa situation actuelle, que de faire de la diversion ou de l'auto promotion. Il doit appeler les autorités de son pays et leur rendre compte, le pouvoir de César reste le pouvoir de César même si celui qui est dans la peau de César a quelques faiblesses.

Dans une instance internationale, on ne peut pas entreprendre des actions efficaces au nom d'un Gouvernement sans travailler ou rendre compte à ce Gouvernement.

Ce n'est pas l'ONU qui sortira notre pays de sa situation actuelle, notre pays doit s'organiser et disposer d'une armée pour sécuriser le pays et s'occuper des problèmes de son développement.