La Syrie de plus en plus isolée à l'ONU

Rude journée pour l'ambassadeur syrien à l'ONU, Bashar Ja'afari qui voit son pays condamné à une écrasante majorité par l'Assemblée générale, tandis que la Russie et la Chine prennent leurs distances.


UN Photo/JC McIlwaine 

Le vote devant la Commission de droits de l'homme marque une lourde défaite diplomatique pour le gouvernement syrien. Seuls 13 pays se sont opposés à la résolution contre les "exécutions arbitraires et l'usage excessif de la force" en Syrie ; 122 pays ont voté pour ; 41 se sont abstenus (détail du vote ici).

Bashar Ja'afari a tenté de suspendre le vote en déposant une motion d'ajournement, rapidement rejetée. L'ambassadeur syrien a dénoncé une "incitation à la guerre civile" dans son pays : 

« Ce qui est appelé le "printemps arabe" est une nouvelle version de la convention coloniale Sykes-Picot pour construire un soi-disant "nouveau Moyen-Orient", supposé être dirigé par Israël et basé sur la fragmentation des pays de la région (...)»

Fait marquant : aucun pays arabe n'a voté en faveur de la Syrie. Sept membres de la Ligue arabe (Jordanie, Maroc, Arabie Saoudite, Qatar, Koweit et Bahrein) ont même co-parrainé le texte, soulignant l'isolement croissant de la Syrie de Bashar Al-Assad. A l'ONU, le soutien des acteurs régionaux est considéré comme un élément déterminant pour décider d'éventuelles sanctions contre un pays. Fort du soutien arabe, les Occidentaux peuvent espérer revenir en position de force devant le Conseil de sécurité :

« Cela crée une situation nouvelle, explique l'ambassadeur allemand Peter Wittig. Le monde arabe s'est exprimé avec force et le Conseil de sécurité ne peut pas ignorer la décision des pays de la région. Nous allons encourager le Conseil de sécurité à revenir sur la question syrienne.»

L'Egypte qui avait hésité à soutenir ce texte, allant jusqu'à inciter les pays non-alignés à s'y opposer (post du 19 novembre) a finalement voté "oui". 

La Russie et la Chine se sont abstenus, laissant entendre que leur soutien à Damas n'est plus aussi solide que lorsqu'ils avaient opposé leur véto à une condammation de la Syrie au Conseil de sécurité, le 4 octobre dernier.