31 janv. 2012 - 16:52
Cette fois, le texte introduit par le Maroc porte le sceau de la Ligue arabe. Le secrétaire général de l’organisation Nabil El-Arabi défendra lui-même cette résolution devant le Conseil de sécurité. Aux yeux des Occidentaux, ce soutien des pays arabes à un changement de pouvoir à Damas est une évolution majeure dans le dossier syrien.
Dans les grandes lignes, le texte reprend les propositions de la Ligue arabe pour mettre fin au conflit :
- Appel à l’arrêt de toutes les violences.
- Libération de toutes les personnes détenues « arbitrairement »
- Retrait des forces armées des villes syriennes.
- Accès libre et entier aux observateurs de la Ligue arabe.
Le cœur de la résolution se trouve au paragraphe 7. On y trouve les propositions pour une transition du pouvoir en Syrie, telle que décrite au cours de la (houleuse) réunion de la Ligue arabe le 22 janvier dernier, au Caire. Bachar El-Assad est sommé de « déléguer toute son autorité » à son vice-président, qui serait chargé de former un gouvernement d’union nationale et de préparer des « élections transparentes et démocratiques ». Le terme « déléguer » est volontairement large pour ne pas être accusé de soutenir un renversement du régime, mais entre les lignes, c’est bien du départ du président syrien dont il s’agit.
7. Fully supports in this regard the League of Arab States’ initiative set out in its 22 January 2012 decision to facilitate a political transition leading to a democratic, plural political system, in which citizens are equal regardless of their affiliations or ethnicities or beliefs, including through commencing a serious political dialogue between the Syrian government and the whole spectrum of the Syrian opposition under the League of Arab States’ auspices, in accordance with the timetable set out by the League of Arab States, aimed at:
(a) formation of a national unity government;
(b) delegation by the President of Syria of his full authority to his Deputy to fully cooperate with the national unity government in order to empower it to perform its duties in the transitional period; and
(c) transparent and free elections under Arab and international supervision;
Si le texte demande également l’arrêt des violences de « toutes les parties y compris les groupes armés [ d’opposition, ndr] », l’accent est mis sur « violations des droits de l’homme flagrantes et généralisées » de la part des autorités syriennes. Un langage contesté par la Russie. Moscou considère essentiel d’établir une équivalence dans la responsabilité des violences entre les autorités syriennes et l’opposition. Les Européens et les Etats-Unis s’y refusent.
La résolution ne comporte ni sanctions, ni référence à la Cour pénale internationale (CPI), deux lignes rouges pour la diplomatie russe. Pas question non plus d’adopter un embargo sur les armes. Le Conseil se contenterait d’exprimer sa « profonde inquiétude sur le transfert continu d’armes vers la Syrie ».
Cette résolution a-t-elle une chance d’être adoptée ?
L’ambassadeur russe à l’ONU, Vitaly Churkin, a déjà indiqué que le texte était « inacceptable » en l’état. La Russie se refuse pour l’instant à lâcher Bachar El-Assad, son dernier allié au Proche-orient. Un veto russe sera politiquement délicat car interprété comme un vote de Moscou contre le monde arabe et la volonté de la Ligue arabe, mais cela reste l’hypothèse la plus probable. La Russie peut également choisir de s’abstenir et laisser passer cette résolution. La Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud et le Pakistan, également très réservés, suivront probablement la décision russe quelle qu’elle soit.