La lune de miel entre l'ONU et le Soudan du Sud est terminée
Les applaudissements du 9 juillet 2011 pour l'entrée du Soudan du Sud à l'ONU ont fait place aux menaces de sanctions ! En moins d'un an, les relations entre Juba et New York se sont nettement refroidies. L'offensive lancée par les sudistes sur le champ pétrolifère d'Heglig, juridiquement situé en territoire soudanais, a déçu les diplomates onusiens. Navi Pillay, la chargée des droits de l'homme, peu suspecte de sympathies pour Khartoum, parle d'une "occupation injustifiée". Quand le secrétaire général Ban Ki-moon a appelé le président sudiste Salva Kiir pour lui demander de retirer ses troupes, il s'est fait envoyer sur les roses : "Il m'a dit je vous ordonne de vous retirer d'Heglig. Je lui ai dit, vous n'êtes pas mon commandant ! " a lancé le président sud-soudanais devant les caméras et sous les applaudissements, dans un discours relatant cette conversation peu flatteuse pour le chef de l'ONU.
Ban Ki-moon s'est refusé a commenter cette conversation. En privé ce commentaire de Salva Kiir agace sérieusement et donne l'impression que depuis son indépendance le Soudan du Sud n'écoute guère les appels au calme de l'ONU. "Le Soudan du Sud n'est plus le bon élève, confie un diplomate. "Ce n'est pas très malin de répondre ainsi au secrétaire général, grimace un autre, mais Salva Kiir est un soldat bien plus qu'un diplomate", justifie t-il, évoquant la "frustation" du Sud vis-à-vis des Nations unies pour l'absence de réaction aux bombardements soudanais sur son territoire.
Il n'empêche que l'ONU attendait plus de sang-froid et de coopération de la part du nouvel Etat, né avec le soutien appuyé des Nations unies. Même le représentante américaine Susan Rice, fervente avocate du Sud , a durci le ton, évoquant mardi de possibles sanctions du Conseil de sécurité contre les deux Etats si les violences ne cessent pas.
Delegates Lounge plonge dans les coulisses des Nations unies, entre les confidences des diplomates, les débats de l’Assemblée générale et les délibérations du Conseil de sécurité où s’établissent les rapports de force du monde actuel.
L'auteur
Karim Lebhour est correspondant de RFI aux Nations unies et à New York.