Bizarre, vous avez dit bizarre... Diplomates et journalistes ont reçu ce vendredi un texte présenté comme le draft d'une résolution sur le Mali rédigé par la France. La mission française à l'ONU dément formellement être à l'origine de ce texte dont la forme imite grossièrement le style du Conseil de sécurité :
RESOLUTION n°... (2012)
ADOPTEE PAR LE CONSEIL DE SECURITE A SA ....SEANCE, Date
CEDEAO, Projet de Résolution .................. (2012)
LE CONSEIL DE SECURITE,
RAPPELANT les déclarations S/PRST/2012/7 du 26 mars 2012 et S/PRST/2012/9 2012 du 4 avril 2012 par son Président, ainsi que ses déclarations à la presse du 22 mars et du 9 avril 2012 sur la situation au Mali (...)
Le texte est présenté en deux versions, en Anglais.
La police de caractère et la forme du texte avec les caractères en gras ne correspondent pas au style utilisé d'ordinaire par les diplomates du Conseil de sécurité. Passons sur le fait que les paragraphes préliminaires (PP) sont trop nombreux en comparaison des chapitres opérationnels (OP). Sur le fond, le texte entend donner mandat à la CEDEAO pour déployer des troupes au Mali avec le soutien de l'Union africaine. Le terme "encourage" utilisé dans le paragraphe 4 est étrange :
4. Encourage la CEDEAO à déployer, avec le soutien de l’UA, une force régionale au Mali afin d’entreprendre les tâches suivantes :
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité peut "décider", "demander" ou "autoriser" mais "encourager" paraît un terme bien faible lorsqu'il s'agit de recourir à la force militaire.
Les représentants de CEDEAO et de l'Union Africaine viennent de passer trois jours à New York pour tenter de convaincre le Conseil de sécurité de donner mandat à une force d'intervention au Mali. Pour l'heure, les membres du Conseil ont demandé davantage de précisions sur le déploiement et la stratégie de cette force avant de se prononcer.
Surtout, pour l'instant, les autorités maliennes n'ont pas clairement donné leur accord pour l'envoi de troupes africaines sur leur sol...
Une organisation des droits de l'homme dit avoir reçu ce "faux" texte de journalistes à Dakar. Quelqu'un semble avoir voulu mettre la charrue avant les boeufs...